Le 10 octobre 2023, Eden Hazard, l’un des plus grands joueurs de l’histoire de la Belgique, annonçait sur les réseaux sociaux qu’il mettait un terme à sa carrière de footballeur. Quelques semaines plus tard, le 4 novembre plus précisément, son successeur est né.
Le propos est un peu trop imagé, mais relève tout de même d’une vérité innée : dans un match opposant Bournemouth à Manchester City au début du mois de novembre dernier, Jérémy Doku inscrivait un but et délivrait quatre passes décisives en 90 minutes. L’une des performances les plus impressionnantes de ces dernières années pour un attaquant en Premier League, alors que Doku n’est encore âgé que de 21 ans.
Explosif
Les 5 G/A de Doku en une seule rencontre sont un exploit en soi, et pourtant, le jeu de l’ailier belge ne se base pas sur une production prolifique devant les cages.
À l’image de l’ancien capitaine de la Belgique, Eden Hazard, Doku préfère battre son homme en 1 contre 1. Et il le fait bien. Très, très bien, même.
Sur la saison 2023/24, Jérémy Doku est actuellement le meilleur dribbleur de Premier League, avec 44 dribbles réussis à son actif. Et non contre des équipes modestes seulement. Dans une rencontre opposant Manchester City à Liverpool, Jérémy Doku s’est offert 12 dribbles réussis sur 15 tentés, complétant une partie sur l’un des meilleurs défenseurs droits au monde, au nom de Trent Alexander-Arnold.
En Ligue des Champions, même constat : Doku est présentement à la 7e position des meilleurs dribbleurs de la compétition, avec 27 réalisations. Et l’ailier a seulement disputé 186 minutes sur cinq matchs, à peine l’équivalent de deux rencontres entières. Il s’est offert par la même occasion un but et une passe décisive contre le RB Leipzig.
Générationnel.
Jeune diable
Alors âgé de 18 ans, Jérémy Doku écarte définitivement le Ghana et opte pour la sélection belge. L’ailier était éligible pour représenter la sélection africaine via ses parents.
Armé pour la première fois de la tunique des Diables Rouges, Doku entre en cours de jeu contre le Danemark en Ligue des nations le 5 septembre 2020. Aligné comme titulaire trois jours plus tard, il inscrit un somptueux but contre l’Islande dans une victoire de la Belgique par la marque de 5-1. Le début d’une belle histoire.
Roberto Martínez, ancien sélectionneur de l’équipe belge, inclut le jeune ailier dans sa liste pour disputer l’Euro 2020 l’année suivante. Et en un seul match, Jérémy Doku met tout le monde d’accord : dans une défaite contre l’Italie en quart de finale, l’ailier brille de par ses dribbles et son explosivité extraordinaire. Il provoque un pénalty à la 45e minute, et passe à quelques mètres d’inscrire l’un des buts de la compétition en deuxième période. Malgré le talent de l’attaquant gauche, la Belgique n’arrivera pas à se défaire de son adversaire. Et pourtant.
À seulement 19 ans, la planète football connaît maintenant le nom de Jérémy Doku. Il le scandera dans quelques années.
Après une Coupe du Monde catastrophique pour l’équipe de Belgique en intégralité en 2022, où Doku ne jouera que 18 maigres minutes sur les trois matchs en poule, la fédération décide de changer de sélectionneur l’année suivante, accueillant Domenico Tedesco dans ses rangs. Jérémy Doku brille depuis lors, ayant complété 44 dribbles sur 65 tentés durant la campagne de qualification pour l’Euro 2024. Sans surprise, l’ailier a terminé à la première position du tableau des meilleurs dribbleurs de ces phases préliminaires tous pays confondus. Une dictature.
Sans être favorite absolue, la Belgique s’impose comme l’une des sélections à suivre dans ce prochain championnat d’Europe, avec une attaque particulièrement impressionnante constituée de Jérémy Doku, Romelu Lukaku, Kevin De Bruyne, Leandro Trossard ou encore Johan Bakayoko.
Jérémy Doku, comme n’importe quel ailier de si haut vol, pourrait être le facteur X, pourrait apporter cette pincée de magie permettant de renverser n’importe quelle rencontre de ce prochain Euro.
De génération en génération
Le 5 octobre 2020, le Stade Rennais s’offre Jérémy Doku pour 26 millions d’euros, en provenance du RSC Anderlecht, ce qui inscrit le transfert comme l’achat le plus coûteux de l’histoire du club breton. Sans être particulièrement dangereux devant les cages, le passage de Jérémy Doku en Ligue 1 montre encore les qualités intrinsèques à l’ailier belge : des dribbles, des dribbles et une fois de plus des dribbles. Jérémy Doku réussira 251 dribbles en seulement trois saisons, avec un époustouflant pourcentage de 64,5% de réussite.
Ses exploits ne laissent pas indifférent : l’entraîneur de Manchester City Pep Guardiola achète Jérémy Doku à l’été 2023, continuant sur sa lignée d’ailiers explosifs accueillie par les Skyblues ces dernières années (Sané, Sterling, Mahrez). L’histoire ne vous rappelle pas un certain conte?
En 2012, Chelsea intégrait Eden Hazard dans son effectif, en provenance du LOSC Lille. Deux ailiers belges, rapides, basant leur jeu sur les dribbles, transférés d’une équipe française vers un club anglais venant de remporter la prestigieuse Ligue des Champions.
L’histoire ne s’est pas terminée sur une belle note pour le Brainois, mais la succession semble assurée du côté gauche des Diables Rouges. Doku révèle une fois de plus l’étendue de son talent à quelques semaines de la retraite d’Eden Hazard. Ça ne peut être une simple coïncidence.
Le roi est mort. Vive le prince.
Jérémy Doku a encore beaucoup à apprendre, sa palette offensive est trop maigre pour prétendre à une place parmi le gratin absolu des attaquants actuels, mais le talent brut du joueur est indéniable, et une fois poli, ce talent le placera certainement comme une référence mondiale, voire un potentiel futur Ballon d’Or d’un point de vue personnel. Dans un monde où l’ailier moderne perd de sa vivacité, le grain de folie, la fougue impétueuse de Doku apparaît comme un vent de fraîcheur.
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