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La déchéance de Manchester United

Sami Rixhon
Le bilan est absolument catastrophique pour Erik ten Hag et ses hommes. Manchester United a réalisé la quatrième pire année de l’histoire du club en 2023, avec un total de 21 défaites toutes compétitions confondues depuis janvier. La lente déchéance de l’équipe rime avec le départ de son entraîneur étoile, Sir Alex Ferguson, en 2013.

Manchester United
Photo: Manchester United

Manchester United n’avait pas essuyé autant de revers sur une année depuis 1972. La gestion catastrophique du club, la politique de transferts dépassée et les choix tactiques douteux peuvent expliquer la situation actuelle des Red Devils.


Un trident peu affûté

Un problème premier se dessine pour Manchester United cette année : devant les cages, ça ne plante pas assez. Après 20 journées en Premier League, les Mancuniens n’ont marqué que 22 buts. La triste statistique place les Red Devils à la 18e position, sur 20, des meilleures attaques de la ligue cette saison.


Antony, ailier brésilien ayant coûté près de 100 millions d’euros à Manchester United, n’a marqué qu’un seul petit but sur l’année civile en Premier League, alors que la supposée pépite danoise Rasmus Højlund n’a aussi qu’une modeste réalisation à son compteur en 15 matchs de Premier League cette saison. Le buteur aurait été acheté à hauteur de 80 millions d’euros au club anglais.

Marcus Rashford, autrefois cité parmi les attaquants les plus talentueux d’Europe, n’est plus que l’ombre de lui-même, comptabilisant seulement 6 G/A en 19 matchs de Premier League.


Manchester United
Photo: Reuters

Pas tranchants devant, mais pas rassurants derrière non plus. Sans avoir aucun joueur de classe mondiale dans sa ligne défensive, Manchester United compte sur les services d’André Onana, gardien camerounais anciennement à l’Inter de Milan, qui a encaissé pas moins de 45 buts depuis son arrivée en Angleterre.


Si l’ancien portier de Manchester United, David de Gea, était sans aucun doute très irrégulier dans son jeu, il est étonnant de constater à quel point son remplacement a été aussi radical et rapide. Un manque de respect pour celui qui a tenu la baraque des Red Devils une décennie entière, et qui repartait l’année dernière avec le Golden Glove de Premier League.


Un choix plus que contestable de la part de l’entraîneur, et non le seul.


À la file indienne

En avril 2022, Manchester United annonçait Erik ten Hag à la barre de l’équipe, succédant à Ralf Rangnick, coach intérimaire des Red Devils. Depuis lors, les ennuis n’arrêtent pas pour le Néerlandais.


Erik ten Hag
Photo: The Independent

La gestion de l’effectif par l’entraîneur est tout bonnement déplorable : ten Hag a poussé Cristiano Ronaldo vers la porte de sortie à la fin de l’année 2022.


Cristiano. Ronaldo. Certes, le génie portugais n’est plus 1/10e du joueur qu’il était autrefois, mais au vu de l’attaque peu tranchante avec laquelle l’équipe doit composer, il est incompréhensible de rompre le contrat du meilleur buteur du club de la saison 2021/22 aussi radicalement.


Jadon Sancho, ailier anglais profondément talentueux par le passé, a aussi bénéficié du traitement spécial de ten Hag. Sans connaître toutes les raisons, Sancho a été écarté du groupe après trois matchs de Premier League cette saison à la suite d’un litige avec l’entraîneur néerlandais, et n’a plus foulé les terrains une seule minute depuis des mois. Son transfert a été estimé à 85 millions d’euros, s’il faut rappeler encore à quel point les dépenses du club sont gérées de manière désastreuse.


Erik ten Hag veut un joueur, il l’obtient. Manchester United a dépensé près de 450 millions d’euros sous l’ère ten Hag, s’attachant les services de footballeurs comme Casemiro, Mason Mount, Lisandro Martínez ou Antony, seulement pour terminer l’année 2023 à la 7e position du tableau de Premier League.


Manchester United
Photo: Front Office Sports

En 10 ans, Manchester United a enchaîné pas moins de cinq coachs différents, alors que seul Sir Alex Ferguson avait occupé le poste de 1986 à 2013. La direction du club rime avec impatience : depuis le départ de l’entraîneur écossais, personne n’est arrivé à installer un projet concret, par manque de résultats instantanés.


Peut-être que les dirigeants de Manchester United devraient prendre exemple sur Arsenal, qui a laissé Mikel Arteta à la barre des Gunners malgré ses premières saisons catastrophiques. Depuis l’année dernière pourtant, Arsenal monte en puissance, et parvient à rivaliser avec l’empire de Manchester City à la course au titre.


Tout ça parce que la direction du club a décidé de faire confiance au projet, au long processus d’Arteta visant à créer une équipe et non à se reposer sur des individualités.


L’unique bribe d’espoir pour Manchester United ces dernières années? José Mourinho, dit « The Special One », qui remporte en 2017 la Ligue Europa contre l’Ajax d’Amsterdam en finale. La saison suivante n’a pas souri autant au coach portugais et à son équipe, ce qui entraînera le licenciement de Mourinho en décembre 2018.


Un autre projet jeté à la poubelle, et c’est reparti pour un tour de manège!


En Ligue des Champions

Sur la plus grande scène en Europe, le constat est similaire : Manchester United déçoit. Qualifiée pour participer à la saison 2023/24 de la Ligue des Champions, l’équipe termine à la 4e position sur 4 de son groupe, et n’est donc même pas renversée dans les 16e de C3. Le Bayern de Munich devait logiquement gagner les confrontations contre la formation anglaise, mais finir sa saison de Ligue des Champions derrière Copenhague et Galatasaray, c’est inadmissible pour un club de la stature de Manchester United.


Alors que quatre des six équipes du Big Six anglais (Liverpool, Manchester City, Chelsea et Tottenham) se sont offert la Coupe aux grandes oreilles, ou ont simplement atteint la finale de la compétition, sur ces cinq dernières années, Manchester United n’est même pas parvenu à gratter une simple demi-finale de Ligue des Champions au cours de la même période.


Une piqûre de rappel

Le constat est terrible pour Manchester United depuis le départ de Sir Alex Ferguson, mais n’oublions pas la grande époque du club. La ferveur d’un retour au sommet du football anglais à la fin des années 80, les 13 titres remportés en 25 ans, l’irréelle finale de Ligue des Champions au Camp Nou en 1999.


Manchester United
Photo: Cult Kits

Et les joueurs, que dire des joueurs. Les paillettes de Beckham, la fougue de Cantona, Rooney le #9 ultime, Ryan Giggs, Roy Keane. Sans oublier Paul Scholes, les frères Neville, la légende de Bobby Charlton, celle de George Best, le tandem de Vidić et de Ferdinand.


D’un point de vue extérieur, pour un fan du ballon rond sans parti pris, il est toujours attristant de constater à quel point un club légendaire, en l’occurrence Manchester United, peut sombrer aussi rapidement et aussi abruptement.


Jusqu’à ce que Old Trafford redevienne le Théâtre des rêves.


Manchester United
Photo: Jobs In Football

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