Entrevue avec Réjean Gratton et Hugues de Roussan
Même si on en entend peu parler en Amérique du Nord, le handball est pour l’Europe ce que le Football est au Canada. Un sport rapide et exaltant qui rassemble nombre de fidèles. Réjean Gratton a joué pour l’équipe nationale canadienne au côté d’Hugues de Roussan qui, lui, a participé aux Olympiques de 1976.
Aujourd'hui, le handball a perdu quelques-unes de ses plumes. Le baseball, le hockey et le football prenaient déjà beaucoup de place à l’époque, mais la discipline était en mesure de se tailler une place dans notre culture sportive. Une place qui a bien diminué. Réjean Gratton et Hugues de Roussan se rappellent avoir joué devant une foule de quasi 200 personnes lorsqu’ils évoluaient au cégep alors que maintenant, rares sont les écoles qui offrent la discipline comme activité parascolaire.
Les deux vétérans du sport s’étonnent de voir que le handball ne prend pas plus d’ampleur au Québec.
« Pourtant, le handball c’est tellement beau », exprime Gratton avec une pointe de nostalgie.
Mais pourquoi est-ce que le handball ne marche pas ici? Eh bien, pour pouvoir représenter le Canada aux tournois panaméricains par exemple, les meilleures joueuses doivent, elles-mêmes, amasser l’argent pour pouvoir s’y rendre, se loger et se nourrir.
« Comment veux-tu développer un sport quand l’élite doit tout payer? C’est impensable », affirme Réjean Gratton.
Comme quoi la fédération canadienne de handball n’est pas nécessairement derrière ses athlètes, entre autres à cause d’un problème de financement. « On avait aussi des problèmes financiers à notre époque, mais moi, je n’ai payé pour aucune compétition à laquelle j’ai participé, sauf pour la coupe latine où j’ai dû débourser 100 dollars pour mon billet d’avion. Tout était payé par la fédération. », raconte Hugues de Roussan, déçu de constater l’état actuel du handball au Canada.
Un sport en constante évolution
Hugues de Roussan et Réjean Gratton s’entendent pour dire que ce sont les règlements et la façon dont ils sont appliqués qui dicteront le futur de leur discipline. Si avant, le handball était plus physique, les arbitres sont, de nos jours, moins permissifs de ce côté. Ils le sont toutefois plus dans d’autres sphères du jeu, pour la colle par exemple:
« c’est injuste, le ballon est tellement collé que tu peux lui donner un effet. [...] Ça enlève tout le charme pour le gardien », raconte Gratton.
À noter que la colle est sur le point d’être interdite. Hugues, quant à lui, pense que la roucoulette (un tir du poignet qui fait bondir le ballon sur un angle de 90 degrés) devrait être totalement interdit.
Somme toute, Gratton trouve que « le sport a bien évolué, contrairement à ce que certains sceptiques peuvent dire », alors que de Roussan lâche un petit rire, clairement visé par la remarque de son ami. Pour lui, « l’évolution ne doit pas enlever ce qui était bon avant, ça doit l’accompagner et l’amener plus loin ».
Des joueurs passionnés
Réjean Gratton était un athlète, bien avant de commencer le handball. « J’étais deuxième en athlétisme, en saut en hauteur, en saut en longueur, en sprint et au 400m. Maurice Loeub, mon entraîneur, m’a dit : « arrête d’être deuxième et viens jouer au handball ». Gratton a même changé d’école pour aller rejoindre l’équipe du collège Georges-Vanier. Il est maintenant entraîneur de l’équipe de handball de l’école Lucille-Teasdale.
En plus d’avoir donné la piqûre à Gratton, Maurice Loeub a exercé une influence majeure sur le sport et ceux qui le performent au Québec. Il a d’ailleurs été intronisé au temple de la renommée du handball québécois pour son implication.
Pour Hugues de Roussan, c’est un professeur de son collège, un ancien joueur de handball d’Europe, qui lui a fait connaître le sport. C’était aussi l’activité la plus organisée avec des compétitions interclasses. D’abord, il ne jouait que pour être avec ses amis, mais il a grimpé les échelons jusqu’à faire l’équipe canadienne olympique. Aux jeux de 1976 à Montréal, il inscrit 11 filets en 5 rencontres avec son lancer foudroyant. Ses coéquipiers et lui ont terminé en 11e position, devant la Tunisie seulement. Depuis, le Canada n’est pas parvenu à se qualifier pour la compétition olympique.
Perspectives intéressantes pour les Jeux olympiques
Aux Jeux olympiques de Paris, en 2024, 12 équipes masculines et 12 équipes féminines de 14 membres compétitionneront dans leur catégorie respective pour recevoir les grands honneurs. Outre la France, qui, en tant que pays hôte, s’assure d’une place, et le Danemark, vainqueur du dernier Championnat du monde (34-29 contre les Bleues), on ne connaît pas encore l’identité des 10 autres pays participants. Le championnat mondial féminin, quant à lui, aura lieu du 30 novembre au 17 décembre. Les Norvégiennes tenteront d’y défendre leur titre. Quatre différentes équipes seront sélectionnées en étant sacrées championnes lors des épreuves continentales de qualification (Asie, Afrique, Europe et Panaméricain). Les six équipes restantes seront choisies par l’entremise des 3 tournois de qualification olympique qui se tiendront entre janvier 2023 et mars 2024.
Pour un petit aperçu de ce qui nous attend à Paris en 2024, voici des jeux de handball parmi les plus beaux aux Olympiques.
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