Entrevue exclusive
Le champion des poids légers de la Professional Fighters League Olivier Aubin-Mercier affrontera Bruno Miranda en demi-finale le 23 août prochain au Madison Square Garden, à New York. Celui qu'on surnomme le «Canadian Gangster» est fort d'une victoire par K.O. face à Anthony Romero le 23 juin dernier et demeure invaincu en huit combats dans la PFL.

Olivier Aubin-Mercier rejoint le monde des arts martiaux mixtes à 21 ans, après avoir obtenu la deuxième place aux championnats canadiens de judo. Il fait ses débuts dans l'Ultimate Fighting Championship (UFC) en 2011, soit seulement un an plus tard, et gagne ses quatre premiers combats par soumission. Le Québécois s'incline pour une première fois dans les rangs professionnels face à Chad Laprise et remporte ensuite 8 de ses 9 prochains affrontements.
Le parcours d'Aubin-Mercier dans l'UFC prend fin en 2019, alors qu'il encaisse trois défaites consécutives par décision unanime. Or, les deux derniers adversaires lui ayant infligé un revers sont présentement classés dans le top 10 de leur catégorie respective au sein de l'UFC. Gilbert Burns, qui présente un dossier de 22 victoires et 6 défaites, est le cinquième prétendant au titre des poids welter, tandis qu'Arman Tsarukyan, qui n'a perdu que trois de ses 23 duels professionnels, se positionne au huitième rang chez les poids légers.
Malgré son ratio de 11 victoires et 5 défaites qui témoigne de son haut niveau en tant que combattant, Aubin-Mercier raconte avoir eu de la difficulté à négocier avec les ligues d'arts martiaux mixtes et décrit le processus de transition de l'UFC à la Professional Fighters League (PFL) comme éprouvant:
« Ça s'est quand même mal passé pour être honnête... Il n'y a plus grand monde qui voulait de moi dans les organisations et il n'y avait pas vraiment personne qui était intéressé. J'ai le même manager que Rory McDonald et il m'a fait rentrer avec lui dans la PFL. C'était quand même compliqué, je me suis vraiment posé des questions. »
Il faut savoir que la PFL est une ligue d'arts martiaux mixtes émergente, lancée en 2018. Elle propose des séries éliminatoires faisant suite à une saison régulière. Pour les combattants, il est donc crucial de rester en santé et d'éviter les blessures, sans quoi ils doivent renoncer à une place en séries et potentiellement à un gros montant d'argent associé à la conquête d'un titre. La façon de s'entraîner et de se préparer à un combat est naturellement différente, comme l'explique Aubin-Mercier:
« Tu vas te battre quatre fois en huit mois, donc tu ne peux pas prendre de gros repos entre tes combats et tu ne peux pas aller à 1000% à chaque entraînement quand tu t'entraînes pour PFL. La transition est quand même tough au début, parce que veut veut pas, on est des athlètes pis on a l'impression qu'on a toujours besoin d'aller à pleine intensité, mais c'est pas vrai. »
Depuis son entrée en PFL en 2021, l'adepte de judo, de taekwando et de jiu-jitsu brésilien a gagné ses huit combats. Le 25 novembre 2022, Aubin-Mercier remporte la ceinture des poids légers dans son match de championnat face à Stevie Ray, empochant ainsi une cagnotte d'un million de dollars. Il devient alors le tout premier champion canadien de la jeune histoire de la PFL.

Le 23 août prochain, un défi de taille attend le «Canadian gangster» : Bruno Miranda. La dernière défaite du Brésilien remonte au 15 avril 2017 et il est lui aussi invaincu en PFL. Ne faisant que 5 pieds 8 pouces, sa petite taille pousse Aubin-Mercier à ajuster sa préparation:
« J'ai des partenaires d'entraînement très bons en striking qui viennent m'aider et qui ne sont pas super grands. C'est important pour moi d'aller chercher un gars plus petit qui se bat comme un gars plus petit. Présentement je suis au volet plus technique, on teste des choses pour le combat, on regarde ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. »
Du momentum pour la PFL?
La PFL tente de faire compétition à l'UFC, qui a le monopole de l'industrie des arts martiaux mixtes. L'organisation de Dana White ne réserve qu'environ 14% de ses parts à ses combattants et un salaire minimal de 12 000$. La PFL tient à payer ses combattants de façon plus décente. Comme elle l'a affirmé dans un communiqué, 50% des revenus générés par la télédiffusion des matchs iraient aux athlètes. Ainsi, la ligue tente d'attirer des gros noms en proposant des salaires alléchants. Elle a frappé un grand coup en mai dernier en faisant l'acquisition de Francis Ngannou, l'ancien champion des poids lourds dans l'UFC.

Celui-ci déplorait la rémunération des athlètes et voulait avoir la possibilité de prendre part à des combats de boxe, ce que ne lui permettait pas l'UFC. Son nouveau contrat dans la PFL stipule qu'il va faire dans les sept chiffres pour chaque combat et que son opposant se fera payer au moins deux millions de dollars. L'addition du Camerounais de 36 ans a créé une onde de choc dans le monde des arts martiaux et a certainement permis à la ligue professionnelle de gagner en notoriété à l'échelle internationale, mais Olivier Aubin-Mercier juge qu'il sera ardu pour la PFL de rivaliser avec l'UFC:
« Je pense que la PFL se positionne pour créer une certaine compétition à l'UFC, mais ça va être difficile. Même s'ils ont signé Ngannou, ça va être très difficile de monétiser cet investissement là. Ça se pourrait que ce soit payant, mais dans cinq ans. Ça va même pas être nécessairement à cause de Ngannou, mais c'est plus le fait qu'ils l'aient signé qui va avoir un certain retour. Moi, l'impression que j'ai, c'est que l'UFC va contre-attaquer dans la prochaine année... »
On peut estimer que le Québécois de 34 ans disputera l'un de ses derniers combats en carrière lorsqu'il croisera le fer avec Bruno Miranda le 23 août. Aubin-Mercier a déjà affirmé qu'il approchait de la retraite, la pratique des arts martiaux mixtes étant très demandante physiquement. Avec une victoire, il atteindrait la finale de la division des poids légers pour une deuxième année consécutive.
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