Crédit : Simon Hogue
La promesse du Béhourd
Les dimanches et mardi soir, il n’est pas impossible d’entendre des bruits d’impact de métal contre métal provenant du sous-sol d’une église du quartier Rosemont à Montréal. Ces sons dignes d’une autre époque, c’est le Dogue, le club de Béhourd de la métropole, qui s’entraine en vue de son prochain tournoi et des joutes à venir.
Mais c’est quoi au juste le Béhourd? « De base, on fait des arts martiaux », explique Dominic Patry-Sauvé qui s’occupe du club avec une amie Marie-Soleil Grenier « quand les gens nous le demandent, c’est ce que je réponds, puis j’ajoute qu’on est en armure et qu’on se bat avec des armes et tout de suite on confond notre discipline avec le grandeur nature », ajoute l’homme de 6 pieds 4 pouces (un véritable mastodonte une fois son armure revêtit).
Crédit : Maxim Ouellet
Le grandeur nature (ou GN) c’est complètement autre chose : les combattants s’affrontent pour le plaisir, sans vraies armures et avec des épées et autres armes médiévales en mousse. Le Dogue partage d’ailleurs son espace avec un club de grandeur nature et les différences deviennent évidente dès le début des mêlées. « Je dirais que [comparativement au Béhourd] le GN c’est plus une activité », mentionne Frédérick Landry, le jeune neveu de Dominic « c’est vraiment moins physique ». Sa sœur Raphaëlle a déjà hâte d’avoir 18 ans pour commencer à faire de vrais combats, en attendant elle s’entraine comme les autres au maniement des armes.
Alexander Rosenthal-Rashi (Bear Blackspear sur YouTube), considérer par ses coéquipiers comme étant le meilleur duelliste au Canada, pratique d’ailleurs ses prises de lutte avec un ami pendant que les autres pratiques leurs coups d’épée de masse et de hache sur une tour de pneus montés à cet effet. « Chaque personne à son propre style de jeu, sa stratégie et sa propre arme de prédilection » affirme Alexander « en mêlée (un mode de jeu ou deux équipes de généralement 5 joueurs s’affrontent), il faut connaitre et utiliser les forces de tout le monde pour sortir vainqueur » ajoute-t-il.
Il existe trois modes de jeu : les duels où deux joueurs se battent dans un deux de trois, les Pro Fight dans lesquels deux joueurs combattent, mais où cette fois les prises au sol sont permises et finalement les mêlées qui se jouent en équipe. Pour remporter une ronde, il faut avoir plus de touches puissantes que son adversaire ou arriver à le maitriser au sol.
Crédit : Simon Hogue
Le sport peut paraitre violent pour quelqu’un qui en regarde pour la première fois, mais il est moins dangereux qu’il en a l’air souligne Dominic, « l’armure est là pour ça sans elle je serais probablement coucher au sol après un coup de massue […] niveau blessures on est comparable au football américain ». La pire blessure à laquelle ont assister certains joueurs est survenue lors d’un tournoi où quelqu’un a perdu son casque avant de recevoir un coup de hache à la tête « Il s’en est remis et depuis ce temps-là tous les casques sont munis d’une [courroie de sécurité] supplémentaire qui porte son nom » indique Catherine, la sœur de Dominic en nous montrant son casque et la fameuse Simon strap.
Si en surface l’armure est d’une précision historique remarquable, il arrive que certaines pièces qu’on ne voit pas soient empruntées à d’autres sports. Par exemple, sous sa cuirasse, Catherine porte un plastron de Motocross qui reçoit bien les chocs. Idem quand viens le temps de recouvrir ses mains : gants de football, de golf et ainsi de suite sont permis.
Car oui, si l’armure les armes ou même les souliers ne font pas historiquement partie d’un ensemble les combattants peuvent se faire interdire l’accès à un tournoi! La majorité des joueurs de Béhourd sont donc des passionnés du Moyen Âge et de reconstitution historique. Le Dogue peut même compter sur Larry, un forgeron de métier qui rafistole les pièces d’armures brisées et peut même confectionner des morceaux manquant à un ensemble. « Quand on a un doute on va voir Larry qui nous dit si ce qu’on porte va être accepté ou non […] il a un grand livre dans lequel il y a toutes les sortes d’armures qui ont été portées » nous raconte Marie-Soleil.

Crédit : Maxim Ouellet
En tournoi à l’international, dans la Buhurt International (la plus grande ligue de Béhourd au monde), l’équipe de l’est du Canada (North Blood), pour laquelle Alexander et Dominic combattent, porte des ceintures fléchées fabriquées par des artisans métis locaux de la T’chite Shoppe. Lors des derniers championnats du monde, North Blood a terminé 4e.
Les membres du Dogue seront en action à Montréal pour les Highland Games le dimanche 4 août puis au Carolina Carnage (un grand tournoi en Caroline du Sud) l’hiver prochain.
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